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L'assainissement urbain dans les pays en développement

 

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La nécessité d'une approche intégrée de l'assainissement urbain des PVD

Les problématiques de déchets solides et d'eaux usées ou stagnantes sont souvent corrélées : quel sera le bénéfice d'un projet de drainage si les canaux sont systématiquement obstrués par des déchets solides ? Quel est l'intérêt de mettre en place un système de collecte des déchets si les rues inondées empêchent les camions bennes de passer et de faire leur travail de ramassage ? Chacun des quatre risques (ordures ménagères, eaux usées, excrétas, eaux pluviales) correspond à une menace particulière et à des solutions techniques et humaines spécifiques, mais les corrélations entre ces domaines nous amènent à les considérer conjointement.

Quelques particularités de l'assainissement

L'assainissement est un domaine relativement complexe. En effet, il présente des spécificités par rapport à d'autres secteurs du développement qu'il faut toujours garder à l'esprit. Par rapport à l'eau, l'assainissement n'est pas ressenti par les populations comme un besoin immédiat (sauf en ce qui concerne l'évacuation des eaux de pluies au moment d'inondations) : la demande pour ce service sera moins grande, de même que la volonté de s'impliquer et la disposition à payer pour ce service. Il faudra donc susciter la demande chez les habitants et trouver un moyen de les convaincre de s'investir et de participer pour améliorer leur assainissement.

L'assainissement est très souvent lié à des croyances et à des traditions culturelles. Des particularités telles que la notion d'impureté des sécrétions en Inde ou l'irrespect envers les ancêtres que représente la défécation sur la terre ferme à Madagascar peuvent constituer des obstacles qu'il faut prendre en compte pour la réussite des projets.

Quelques situations préoccupantes rencontrées dans différentes villes

Les données suivantes sont détaillées dans les newsletters éditées en 2004 par l'association :

Delhi  (13 millions d'habitants) : Les dimensions de Delhi et l'immensité de ses problèmes urbains nous ont amenés à nous intéresser à divers types d'actions : d'une part aux programmes gouvernementaux tels que celui de l'Institut National des Affaires Urbaines sur la capitalisation des informations en matière d'assainissement dans les bidonvilles en vue d'une planification, d'autre part les projets d'ONGs telles que Sulabh qui prône l'utilisation des toilettes publiques payantes et dont l'activité est devenue exemplaire pour les Indiens ou encore les projets de communautés tels que l'organisation et le renforcement de groupes de « waste pickers », ramasseurs d'ordures illégaux qui effectuent un tri et revendent les déchets recyclables.

Hanoi  (3,5 millions d'habitants) : En tant que capitale et centre urbain du Nord du Vietnam, la ville est sous un contrôle très strict du gouvernement. Exception faite des habitats temporaires des travailleurs saisonniers, régulièrement détruits par un gouvernement qui se veut fortement régulateur, la ville n'a pas connu l'apparition de bidonvilles et peut se réclamer d'un développement urbain relativement bien maîtrisé. Bien que dotée d'un service meilleur que dans d'autres villes, la réalité d'Hanoi révèle une pauvreté hypocrite : habitat surchargé accueillant plusieurs générations, délabrement de l'intérieur derrière des façades rénovées. Au niveau de l'assainissement, la trop forte densité provoque une surcharge des réseaux vétustes. La croissance du pays offre des perspectives encourageantes mais profiteront-elles à l'assainissement  et aux quartiers les plus défavorisés ?

Phnom Penh  (1,4 millions d'habitants) : Rongée par la corruption, Phnom Penh est une ville qui contient de nombreuses poches de pauvreté et des bidonvilles aux conditions particulièrement précaires. L'insécurité foncière bloque toute tentative en faveur de l'amélioration des conditions de vie de ces quartiers. Il n'est pas rare non plus de voir les habitants d'un bidonville chassés, même si aujourd'hui on parle davantage de relocalisation et si les effusions de violence tendent à cesser. Enfin, les communautés de voisinage sont bien souvent superficielles (constituées dans le seul but d'obtenir un financement international) et aboutissent rarement  sur un projet durable et transparent.

Santiago de Chile  (6 millions d'habitants) : L'incroyable croissance chilienne et son modèle néolibéral l'ont projeté au titre de modèle dans sa région. La discipline des chiliens et leur acceptation du service payant en fait un bon élève de l'assainissement urbain. La pauvreté peu visible est cependant présente et traitée comme dans les pays européens, par le biais de programmes gouvernementaux en faveur d'un rééquilibrage social. L'assainissement est alors une problématique de réseau à l'échelle de la ville davantage qu'à l'échelle du quartier.

Buenos Aires  (12 millions d'habitants) : Pays auparavant très riche et possédant encore des réflexes de pays développés tels que l'approche systématique par réseau des problèmes d'assainissement, l'Argentine est aujourd'hui confrontée après des années d'endettement, de corruption et plus récemment de récession, à une pauvreté de l'ordre de 60 %. La crise a décuplé le nombre de « cartoneros », ramasseurs  et revendeurs informels de cartons (et autres déchets recyclables). Cette activité fournit un revenu à nombre de « sans emploi » mais les conditions dans lesquelles elle s'effectue mettent en danger la situation sanitaire de certains quartiers. Ce phénomène d'insalubrité est amplifié par la remontée récente du niveau de la nappe phréatique et les inondations qui en résultent.

Antananarivo (1,7 millions d'habitants) : Dans un pays dont la situation économique déjà précaire s'est considérablement aggravée avec la crise de 2002, les conditions sanitaires dans les « bas quartiers » sont très préoccupantes. Devant les manques de moyens considérables des autorités publiques (la ville gère un budget annuel équivalent à celui d'une ville de 8000 habitants en France), les ONG multiplient les initiatives de précollecte de déchets et de latrinisation par exemple, avec un souci d'accompagnement social des populations qui est particulièrement remarquable.